FastCa : une solution innovante pour dépister le cancer ovarien
Présenté lors de la première édition de l’Innovation Fair organisé par Sup’Biotech Paris le 27 janvier dernier, FastCa est un Sup’Biotech Innovation Project (SBIP) qui s’adresse uniquement aux femmes et pour cause : il s’agit d’un kit de dépistage permettant de faciliter la détection du cancer ovarien. Chef de projet et à l’initiative du concept, Marylou Bouriot (Sup’Biotech promo 2021) revient sur cette innovation pensée pour préserver la santé des femmes.
Quand, à son arrivée en 3e année via les Admissions Parallèles, Marylou a su qu’elle devait trouver une idée de SBIP sur laquelle elle allait travailler trois ans durant, elle n’a pas hésité longtemps. « Je me suis tout de suite penchée sur la cancérologie, raconte celle qui, aujourd’hui, achève son cursus à Sup’Biotech au sein de la Majeure R&D, mineure Santé. Le cancer reste un énorme fléau très compliqué à endiguer. Ce n’est pas parce que l’on est dépisté tôt que le traitement s’avère efficace et, pire encore, les dépistages se font justement souvent trop tard dans la progression de la maladie, ce qui rend les traitements plus inefficaces… C’est pour cela que j’ai souhaité spécifiquement orienter le projet sur le cancer ovarien, un cancer particulièrement mortel. » Rapidement, la future ingénieure se met à imaginer les contours d’un kit de dépistage d’un nouveau genre. « Le but était de pouvoir utiliser un fluide corporel, en l’occurrence le sang menstruel, avec un dispositif innovant, facile d’utilisation et qui ne soit pas inconfortable pour la femme, tout en sortant des habituelles prises de sang et des scanners. »
Une serviette hygiénique spéciale
Derrière le concept de FastCa, il y a donc d’abord le kit, « destiné à être prescrit au préalable par un médecin généraliste ou un gynécologue, voire un oncologue – même si, quand on va voir un oncologue, c’est qu’il est généralement trop tard pour aborder la question du dépistage. » Composé d’une serviette hygiénique spéciale, dotée d’une sous-partie détachable, et d’un petit container en verre pour justement mettre cette partie détachable et l’envoyer au laboratoire d’analyses, ce kit s’adresse à madame tout le monde. « On préconise le dépistage dès l’âge de 20 ans, explique Marylou. Ce n’est pas à cet âge où il y a le plus gros risque de cancer ovarien, mais cela peut toutefois arriver, surtout pour des personnes ayant des prédispositions génétiques. L’idéal serait de pouvoir réaliser ce test une fois par an, voire plus s’il y a déjà eu un traitement ou un cas de cancer, jusqu’à la ménopause. »
Biomarqueurs et cellules utérines
Il y a ensuite l’analyse rendue possible dans les laboratoires grâce à la constitution du sang menstruel. « Les règles, pour résumer grossièrement, correspondent un peu à une sorte d’auto-nettoyage de la femme, détaille l’étudiante de 5e année. Dans le sang menstruel, on va donc retrouver de nombreuses petites choses, mais surtout des cellules utérines et, dans le cas d’un cancer, des cellules tumorales sécrétant des biomarqueurs. Le dosage de ceux-ci va permettre justement de déceler ou non la présence d’un cancer ovarien. Aujourd’hui, on peut déjà déceler ce cancer lors d’une prise de sang circulant – il faut que la personne se rende dans un laboratoire ou chez le médecin pour se faire prélever du sang à l’aide d’une piqure. Le test de FastCa repose sur la même méthodologie de dépistage, sauf qu’il se base sur ce processus naturel que connaissent toutes les femmes. »
Cet aspect naturel et non invasif est d’ailleurs l’autre point fort du projet. Marylou ne s’en cache pas : c’était également l’objectif de l’équipe. « Aller se faire dépister ou se faire faire un frotti tous les deux ou trois ans, cela reste encore beaucoup trop faible, surtout pour des personnes à risque, juge-t-elle. Avec FastCa, les femmes n’auraient même pas à avoir à aller chez leur médecin pour enclencher le dépistage : elles pourraient se contenter de le joindre par téléphone pour obtenir une prescription et réaliser ensuite ce test chez elles, d’une manière bien moins inconfortable que chez son spécialiste. Le projet s’adresse aussi aux femmes qui ont déjà été traitées pour un cancer ovarien, en contrôlant les cellules pour estimer les potentielles récidives. »
Explorer l’existant pour mieux le réinventer
Pour développer le concept de Fastca, Marylou et ses coéquipiers Alexandre Caumon et Grégoire Soghomonian ont d’abord exploré ce qui fonctionnait déjà ailleurs. « Nous avons travaillé sur toutes les étapes avec cet état d’esprit, confie la chef de projet. Par exemple, on ne le sait peut-être pas, mais il existe une technique en laboratoire nommée Elisa, assez rapide et peu coûteuse, qui peut doser notamment ces biomarqueurs. Pour la serviette en elle-même, nous nous sommes inspiré de l’émergence de nombreuses entreprises proposant désormais des « culottes menstruelles » avec des matériaux biologiques, absorbantes et sans fuite. On a donc imaginé reprendre ce principe en y ajoutant un peu de cellulose et de fibres de bambou afin d’avoir un produit biologique et sain pour la femme – de nombreuses protections ne le sont malheureusement pas aujourd’hui. » L’équipe a aussi pu compter sur les conseils du service des SBIP et de professionnels de santé afin d’affiner son approche. « Nous avons échangé avec énormément de gynécologues et docteurs, mais aussi avec Allan Rodriguez, le CEO de VitaDX, une entreprise qui propose également un kit de dépistage, mais pour le cancer de la vessie. »
L’équipe de FastCa
Marylou Bouriot, Grégoire Soghomonian et Alexandre Caumon
Les SBIP, une aventure à part
Présente avec son équipe lors de l’Innovation Fair pour démontrer le potentiel de son dispositif médical, Marylou savoure désormais le chemin parcouru et l’expérience acquise au fil de ces mois passés à faire grandir son projet. « J’ai adoré le fait que Sup’Biotech nous ait laissé le choix de notre projet de A à Z, de le conduire un peu comme on le souhaitait : même s’il y avait des consignes à suivre, on a eu une totale liberté, se réjouit-elle. Se dire qu’on peut débuter son propre projet à 20 ans, le construire de toute pièce et pourquoi pas envisager de le poursuivre ensuite en montant sa propre entreprise, c’est franchement magique. Et, aujourd’hui, si je vois la finalité de mon concept, je sais que l’équipe a pu passer par des phases compliquées, à devoir faire des études de marché et des recherches sur la production à grande échelle, des domaines qui ne font pas forcément partie de nos spécialités. Toute la démarche a été très enrichissante ! »
Doté d’un fort potentiel, FastCa ne demande maintenant qu’à grandir pour espérer voir véritablement le jour dans un avenir proche. « Si jamais des entreprises sont intéressées pour s’associer au projet, nous sommes évidemment ouverts à la discussion », lance l’étudiante, enthousiaste. En attendant d’éventuels rapprochements, l’équipe a décidé de transmettre le projet au service des SBIP afin que d’autres étudiants de l’école puissent prendre la relève. Et Marylou ne sera jamais bien loin si besoin : « On sera toujours disponibles pour les conseiller s’ils le souhaitent ! »
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