International : SupBiotech et la Haute École de la Province de Liège (HEPL) officialisent leur double diplôme
Dès la rentrée 2021-2022, les étudiants de SupBiotech pourront effectuer un double diplôme en Belgique, à la Haute École de la Province de Liège (HEPL). L’occasion pour les futurs ingénieurs d’acquérir de nouvelles connaissances dans cette institution de Wallonie, une région elle-même réputée pour ses activités liées aux biotechnologies. De leur côté, les étudiants liégeois pourront également étoffer leurs compétences en France. Un échange gagnant-gagnant sur lequel revient Thibaut Lamoureux, à la fois coordinateur de section pour les ingénieurs industriels à finalité chimie et biochimie et responsable des relations internationales pour toute la partie technique de la HEPL.
Quelle est l’histoire de HEPL ?
Thibaut Lamoureux : La HEPL est une école qui a été créée au début des années 2000 suite à la fusion de différentes hautes écoles en Belgique, mais l’école d’ingénieurs présente en son sein est bien plus vieille que cela et approche des 130 ans d’existence. Comme, à cette époque, l’expansion de la Belgique et de la Wallonie se basait essentiellement sur l’agroalimentaire et l’acier, cette école d’ingénieurs a d’abord démarré comme une école « sucrière » pour répondre au besoin en ingénieurs d’alors. Par la suite, l’école a évolué de bien des façons et s’est longtemps appelée l’ISIL (pour Institut Supérieur Industriel Liégeois) avant de finalement rejoindre la HEPL à la fin des années 2000. Cette évolution et ces fusions font aujourd’hui de la HEPL une des plus grandes écoles de Wallonie, avec près de 9 000 étudiants.
Que signifie le terme « Haute École » ?
C’est un terme propre à l’enseignement supérieur belge qui se divise en deux parties. La première concerne les universités, principalement axées sur les Masters et la recherche, avec les doctorants. La deuxième concerne les hautes écoles, qui délivrent principalement des diplômes du type « bachelier » – ce qui se rapproche de vos licences en France –, mais aussi parfois des Masters, comme c’est le cas avec les écoles d’ingénieurs. Ainsi, dans les universités belges, on forme des ingénieurs dits « civils » tandis que dans les hautes écoles, on forme des ingénieurs dits « industriels ».
Quelle place occupent les biotechnologies et les sciences du vivant à la HEPL ?
La biochimie et la biologie sont, de manière générale, très développées en Wallonie. D’ailleurs, dans notre région comme en Belgique, les biotechnologies sont très bien représentées, avec de nombreuses entreprises : ce n’est pas un hasard si le New York Times et de nombreux autres médias ont qualifié la Wallonie de Pharma Valley ! De fait, la HEPL est aujourd’hui très axée sur les biotechnologies et, en particulier, la bioproduction, la biochimie. Il faut dire que les besoins en biochimistes et ingénieurs biochimistes sont forts. Rappelons, par exemple, que la plupart des vaccins contre la Covid-19 sont actuellement produits en Belgique.
La création d’un double diplôme avec SupBiotech semblait donc une évidence !
C’est vrai ! D’ailleurs, ce double diplôme s’inscrit dans une certaine logique puisque les deux écoles étaient déjà partenaires dans le cadre du programme Erasmus. Nous sommes heureux de finalement le voir se concrétiser en permettant dès la rentrée prochaine à des étudiants de Sup’Biotech d’obtenir un diplôme à la HEPL et à nos étudiants de faire le chemin inverse. Pour que ce double diplôme soit validé chez nous, l’étudiant de Sup’Biotech devra suivre 60 ECTS de cours, soit l’équivalent de deux semestres. Or, chez nous, un programme de Master équivaut à 120 ECTS : nous privilégions donc un échange sur une année complète, au niveau du Master – l’équivalent de votre 4e année ou de votre 5e année. En ce qui concerne le programme, il s’agira d’un mélange de cours axés sur la biochimie et l’ingénierie au sens large : l’étudiant pourra ainsi suivre également des cours d’automatisme ou de programmation, mais ces derniers seront toujours rattachés à la biochimie. Enfin, vos étudiants ne seront pas dépaysés car la HEPL partage avec SupBiotech la volonté de placer la pratique au cœur de la formation. Notre but n’est pas d’asseoir les étudiants toute une année sur un banc afin de leur faire ingurgiter de la matière, mais bien de développer leur expertise à travers des projets étudiants ou de recherche et des activités en laboratoire.
Justement, comment s’articulent les projets à la HEPL ?
Ici, tous les projets sont à mener en équipe car nous estimons que le travail en équipe fait justement partie des compétences incontournables pour un ingénieur. Les thématiques abordées, elles, peuvent être différentes selon les années d’études. Durant la 3e et la 4e années, certains projets ont ainsi pour but de reproduire des processus industriels en laboratoire : les étudiants s’inspirent alors d’une entreprise existante pour mettre en place ce processus à leur échelle. En 5e année, on peut voir davantage de projets de recherche ou de développement de nouveaux produits innovants, généralement avec des conditions particulières comme le fait de devoir travailler sur des énergies renouvelables ou des biocarburants. Par exemple, ces dernières années, des étudiants ont travaillé sur l’optimisation du rendement d’extraction du biodiesel à partir de microalgues, d’autres ont voulu valoriser l’eugénol (une molécule isolée de l’huile de clou de girofle) pour le convertir en arôme de vanille avec une production biodégradable, etc. Nous menons aussi des projets de recherche en partenariat avec des entreprises reconnues, avec une spécialisation dans le domaine de la purification de molécules en microfluidique depuis plusieurs années. Enfin, toujours lors de la 5e année, un autre projet se déroule en parallèle via le Startech, un concours organisé dans toute la Wallonie qui permet aux étudiants de défendre une idée innovante auprès de futurs investisseurs. Ce concours est proposé en collaboration avec des incubateurs d’entreprises qui viennent justement coacher nos étudiants dans le développement de leurs idées et d’une potentielle start-up – les étudiants ont l’obligation de présenter un processus industriel et de réaliser un prototype. Une première sélection se fait au sein de l’école puis le projet finaliste affronte les autres au niveau de la Wallonie. Et s’il remporte cette nouvelle étape, il peut être présenté par les étudiants à la Silicon Valley. En 2018, une de nos équipes en biochimie a justement remporté le concours avec un projet de film alimentaire antifongique fait à partir de carapaces de crustacés. Un bel exemple de valorisation de sous-produits !
Comme à SupBiotech, les laboratoires occupent donc un rôle essentiel…
Oui et nous en avons plusieurs, avec du matériel permettant de faire du génie génétique, de la microbiologie et d’autres choses que l’on retrouve aussi à SupBiotech. Depuis quelques années, nous avons également investi dans de nombreux bioréacteurs et fermenteurs, dans l’optique d’accentuer encore notre expertise en matière de bioproduction. Enfin, par rapport à notre volet de formation axé sur la bioinformatique et la programmation, nous disposons aussi de licences pour des logiciels spécifiques, comme par exemple LabVIEW qui permet justement le contrôle d’un bioréacteur via un ordinateur.
Quelles nationalités peut-on côtoyer à la HEPL ?
Même si la Belgique est un petit pays, les échanges entre la partie nord, flamande, et la partie sud, wallonne, restent encore très limités en raison de la langue. Voilà pourquoi on retrouve essentiellement des étudiants wallons et donc francophones à la HEPL. Notre enseignement se fait d’ailleurs principalement en français durant la majorité du cursus à part quelques cours en anglais et à l’exception de la dernière année qui se fait uniquement en anglais, ce qui n’est pas si fréquent que cela en Wallonie. Quant aux autres nationalités présentes, elles proviennent de notre réseau de partenaires à l’international. En plus de nos partenaires européens – la France, l’Allemagne, le Luxembourg… –, nous avons plusieurs partenariats avec des pays d’Asie, comme l’Inde ou la Chine, mais aussi d’Amérique du Sud, comme le Chili ou le Brésil. On peut donc côtoyer plusieurs cultures chez nous… quand la Covid-19 ne s’en mêle pas, bien évidemment !
Enfin, où se situe le campus qui accueillera les étudiants de SupBiotech ?
Il est situé non loin de la gare centrale de Liège. Il faut savoir que Liège est une ville de taille moyenne, avec 200 000 habitants au centre-ville, dont 95 000 étudiants ! Elle contient énormément d’infrastructures dédiées à la vie étudiante, à la fête étudiante aussi, pour la culture, la pratique sportive… Au sein de la HEPL, nous avons des « cercles étudiants », soit l’équivalent de vos associations, qui proposent de nombreuses choses. Nos étudiants ne sont jamais à court d’idées pour sortir ou proposer des activités sympa !