Du chocolat contre les coups de soleil
Du chocolat contre les coups de soleil
Cassandre LEBLANC, Camille NOGIER, Marion SARDA, promotion 2013
Les framboises, le thé vert ou encore les canneberges, qui font partie de notre alimentation courante, ont déjà prouvé leurs effets antioxydants, bénéfiques pour l’organisme. Leur prise est facile et ne nécessite pas un budget « santé » important. D’après l’étude menée par l’équipe du Dr Heinrich (Institut für Experimentelle Dermatologie, Allemagne), le chocolat rentrerait également dans cette catégorie d’aliments en réduisant notre sensibilité aux coups de soleil (1). En effet, la consommation quotidienne et régulière de polyphénols, contenus entre autres dans le cacao, permettrait de prévenir les effets indésirables des UV comme les érythèmes, lésions cutanées de la peau, et la préparerait ainsi aux diverses agressions du soleil.
Un chocolat d’un nouveau genre
C’est sur cette étude que s’est fondé Barry Callebaut, industriel du chocolat et leader mondial des innovations à base de cacao et de chocolat, pour créer son chocolat ACTICOA™, préparé selon un procédé du même nom (2). Ce chocolat conserve 50 % de plus de polyphénols naturels que le chocolat de préparation traditionnelle. Lorsque l’on sait que les polyphénols représentent une famille de molécules organiques qui se distinguent par un haut pouvoir antioxydant, on peut comprendre qu’ils transfèrent à ce chocolat leur pouvoir antioxydant et anti-inflammatoire. Ces propriétés permettraient-elles alors de prévenir les effets nocifs de l’exposition au soleil ?
Neutralisation des radicaux libres
On sait que le bronzage est le signe de l’agression du soleil sur la peau. À long terme, les UV favorisent le vieillissement de la peau en abîmant les fibres de collagène et entraîne l’apparition de cancers cutanés. En effet, agressés par les UV, les kératinocytes, cellules de la peau, adressent un message d’alerte sous la forme d’une substance appelée cytokine aux mélanocytes situés sur la couche basale de l’épiderme. Ces cellules vont alors produire un pigment, la mélanine, qui va se placer autour du noyau des kératinocytes. Ceux-ci, chargés de mélanine, vont remonter à la surface de la peau et lui donner sa couleur : du rouge au noir en passant par un brun plus ou moins foncé. Les UV sont capables de produire de très fortes quantités de radicaux libres oxygénés dans les cellules de la couche superficielle de l’épiderme, responsables à court terme des coups de soleil et de l’inflammation. Les flavonoïdes (type de polyphénols contenus dans le chocolat) permettent la neutralisation des radicaux libres et garantissent ainsi une certaine protection contre les UV.
Impact sur l’épiderme
C’est sur ces réactions que l’équipe de recherche du Dr Heinrich s’est basée pour démontrer que la prise répétée d’une boisson à base de cacao dilué engendre un changement au niveau de l’épaisseur de l’épiderme, mais aussi au niveau de l’hydratation de la peau (1). Face à un groupe de personnes consommant une boisson cacaotée quotidiennement, un autre groupe suivant le même rituel, cette fois avec une boisson riche en flavonoïdes, présente à la fin de l’expérience une sensibilité moindre de la peau face aux UV. Il était ainsi démontré en parallèle, par l’équipe Londonienne du Dr William, que l’ingestion quotidienne d’environ 100 g de chocolat noir n’ayant subi aucune transformation industrielle entraînerait une réduction du risque d’apparition des coups de soleils de 25 % dès trois mois de prise. En revanche, la consommation de chocolat produit de manière traditionnelle ne suffirait pas à préparer la peau à une exposition prolongée au soleil, car sa teneur en polyphénols est trop faible (3).
Cette découverte est séduisante. Toutefois, la température de fusion du chocolat étant de 33°C, on peut se demander si son ingestion durant une saison ensoleillée telle que l’été est adaptée. La place de ce produit sur le marché concurrentiel des compléments alimentaires, dominé par de grands laboratoires type Oenobiol, reste alors à déterminer. Le chocolat de Barry Callebaut fabriqué selon le procédé ACTICOATM peut-il représenter une alternative au β-carotène ? En l’état actuel, on ne peut pas inscrire ce chocolat enrichit en flavonoïdes dans la catégorie « produit de santé » car sa forte teneur en sucre et en graisses font de lui un produit moins attrayant. Ceci laisse cependant la place à la concurrence pour se lancer dans la recherche de procédés qui réduiraient graisses et sucres. C’est d’ailleurs dans cette logique que les équipes de Barry Callebaut travaillent actuellement et auraient signé un accord en février avec Mars, le plus grand fabricant mondial de chocolat au détail, pour faire connaître les vertus bénéfiques des flavonoïdes du cacao.
Sources :
(1) U.Heinrich, K. Neukam, H. Tronnier, H. Sies et W. Stahl, « Long-term ingestion of high flavanol cococa provides photoprotection against UV-induced erythema and improves skin condition in women », The Journal of Nutrition ,p15 65-1569, juin 2006
(2) Communiqué de presse, Le chocolat ACTICOA™ de Barry Callebaut contribue à protéger la peau des rayonnements UV, septembre 2009
(3) S. William, S. Tamburic et C. Lally, Eating chocolate can significantly protect the skin from UV light, septembre 2009