A la rencontre d’Agnès Saint Pol, professeur à Sup’Biotech
Agnès Saint Pol vit aujourd’hui sa double passion, la biochimie et la pédagogie… Comment ? Professeur à Sup’Biotech en biochimie et en biologie cellulaire, elle est également chargée de coordonner les enseignements en sciences du vivant. Après 6 ans en tant que chercheur post-doctoral au département de biochimie de l’Université de Dundee (Royaume-Uni) puis à l’institut Curie et deux ans en tant que chargée de recherche chez Pileje, une société qui fabrique des compléments alimentaires, cette spécialiste au double parcours (université et entreprise) a décidé il y a trois ans de s’investir à plein temps dans son activité d’enseignement au sein de l’école. La position de coordinatrice lui confère à présent un rôle clé dans la pédagogie de Sup’Biotech. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’elle a accepté de partager sa passion pour sa discipline et son travail.
La biochimie, discipline fondamentale de la biologie
« La connaissance de la biochimie est devenue indispensable au biologiste. Quelle que soit sa spécialité, il doit toujours avoir présents à l’esprit les mécanismes moléculaires fondamentaux de la vie pour comprendre les phénomènes qu’il observe au niveau des systèmes biologiques complexes, que ce soit à l’échelle cellulaire ou à celle de l’organisme entier. » (Professeur Ebel, préface du livre « Biochimie générale », J-H Weil, Ed Masson). Voilà la citation qu’Agnès Saint Pol a pour habitude de mettre en exergue à ses étudiants au cours du séminaire de début d’année.
« Dans l’échelle de l’étude d’un phénomène biologique, comme le fonctionnement d’un lobule de foie par exemple, le physiologiste étudie ce qui se passe à l’échelle macroscopique, explique l’enseignante, comment s’organise un lobule et comment il communique avec les autres organes via la triade porte constituée d’une artériole, d’une veinule et d’un canal biliaire. Puis le biologiste cellulaire s’interroge sur la façon dont un hépatocyte fonctionne et étudie sa réponse aux stimulations diverses comme celle de l’insuline, sécrétée lors d’une prise alimentaire. Enfin, le biochimiste étudie les réactions qui se passent au niveau de l’hépatocyte lui-même : mécanismes de dégradation des nutriments, de stockage du glycogène, cinétique enzymatique. La biochimie est ainsi l’une des plus petites échelles de la biologie. »
Elle conclue : « la biochimie fonctionne comme un zoom. En tant qu’animaux, nous fonctionnons comme des usines chimiques de manière particulièrement efficace, grâce à ces catalyseurs que l’on appelle les enzymes. » Autrement dit, la biochimie pousse au plus loin la connaissance des phénomènes du vivant et enrichit l’intelligence de l’ensemble par l’intelligence des détails.
A côté de son activité de transmission du savoir, l’autre tâche d’Agnès Saint Pol, coordonner les différents enseignements de science du vivant, consiste justement à tenter d’établir un véritable continuum pédagogique entre les différents points de vue, les différentes échelles, afin de permettre aux étudiants d’acquérir une approche transversale, totalisante et unifiée.
L’enseignement à Sup’Biotech : transversalité et démarche scientifique
Autre continuum à tenter d’établir en permanence: à Sup’Biotech, l’enseignement théorique est en permanence enrichi d’un versant applicatif pratique. Pour Agnès Saint Pol, cette pédagogie est particulièrement adaptée à la formation des acteurs des biotechnologies. « A l’école, l’enseignement est fondé sur la transversalité, c’est pourquoi nous articulons cours, travaux pratiques et projets. Ceci a pour objectif de permettre aux étudiants d’acquérir de la rigueur scientifique, et une autonomie appréciée ensuite par les laboratoires et les entreprises », explique cette enseignante au double parcours en recherche fondamentale et en recherche appliquée.
Quant à la démarche scientifique, « les étudiants l’acquièrent progressivement en travaillant sur des articles de recherche publiés récemment dans les revues spécialisées et en rapport avec le contenu de leurs cours. Ils sont amenés à lire ces articles, souvent rédigés en langue anglaise, et à les interpréter en fonction des hypothèses qui leurs sont présentées, ou qu’ils ont formulées eux-mêmes« .
Agnès Saint Pol prend part à la dimension « projets », notamment en suivant des projets étudiants effectués dans le cadre des Sup’Biotech innovative projects (SBIP), tels que celui sur la dépollution par les plantes, qui a reçu un financement par les mairies de Rungis et d’Ivry : « La problématique est intéressante : il s’agit de bien sélectionner les plantes, en fonction de leur efficacité dans la capture de dioxyde de carbone, et de leur capacité à survivre à notre climat pour réaliser ensuite un plan d’urbanisme utile et esthétique. Une des finalités à court terme du projet est d’avoir des valeurs chiffrées présentant le rendement de chaque plante (rapport entre la surface exprimée en mètres carré et la quantité de dioxyde de carbone absorbée) », précise-t-elle.