Emilie Duvallet : une docteure originaire de Sup’Biotech
Emilie Duvallet (Sup’Biotech promotion 2009) est la première ancienne de l’école à obtenir le titre de docteure. Le 30 novembre dernier, au laboratoire d’immunologie et immunnopathologie de l’Université Paris XIII, elle a soutenu sa thèse en immunologie sur laquelle elle travaillait depuis trois ans et a obtenu les félicitations du jury.
Quel est le sujet de votre thèse ?
L’intitulé exacte de ma thèse est « Etude dans l’arthrite expérimentale au collagène de stratégies d’immunothérapies actives ciblant : l’interleukine-23, le vascular endothelial growth factor et le tumor-necrosis factor-α ». Plus simplement, mes recherches se sont focalisées sur la polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune (le système immunitaire de la personne atteinte de la maladie attaque des tissus sains) qui touche 0,5 % de la population en France. Elle frappe les articulations et est donc très handicapante : beaucoup de personnes qui en sont victimes doivent arrêter leur activité professionnelle en en raison des douleurs causées.
Les origines précises de la maladie sont mal connues. Mais on sait qu’elle entraîne une surexpression de certaines protéines. Pour diminuer cette quantité, des traitements comme l’immunothérapie passive (qui consiste à administrer des anticorps artificiels au patient) existent déjà mais présentent de nombreux inconvénients comme des infections ou des cancers. Aussi, j’ai exploré la voie de la vaccination thérapeutique (qui va activer la production d’anticorps par l’organisme), plus sûre.
Pendant ma thèse, j’ai donc focalisé mes recherches sur trois protéines : l’interkeuline-23, le VEGF et le TNFα. Il fallait explorer ces différentes pistes puisque la protéine surexprimée sera différente en fonction des patients. En comprenant les mécanismes de cette maladie encore mal connue, j’ouvre une voie vers la recherche et la création de traitements plus efficaces.
Comment êtes-vous passée de Sup’Biotech à la recherche doctorale ?
Quand je suis entrée à Sup’Biotech, je n’envisageais absolument pas de poursuivre en thèse. Mais lors de mon stage au CNRS, en 4e année, ma responsable de stage m’a fait comprendre que j’étais faite pour la recherche. En effet, je ne suis pas faite pour travailler assise à un bureau, devant un ordinateur. Il faut que je puisse manipuler sur une paillasse, que je réfléchisse, construise mes raisonnements et cherche de nouveaux mécanismes en expérimentant. La recherche correspond à mon profil. Or, pour que je puisse continuer dans cette voie, il fallait que je fasse une thèse.
Sup’Biotech m’y a préparé en amont. Le fait d’avoir pu multiplier les stages, l’accès à des laboratoires équipés de matériel de pointe et bien évidemment les cours m’ont permis d’entreprendre dans de très bonnes conditions mon parcours actuel. A Sup’Biotech, j’avais choisi la majeure Recherche et Développement et la mineure Santé et Pharmacie ; j’ai poursuivi avec un Master en biothérapies au laboratoire d’immunologie et immunopathologie de l’Université de Paris XIII ; enfin, dans cette même unité de recherche, j’ai effectué ma thèse entièrement centrée sur les biotechnologies appliquées au secteur pharmaceutique. Je suis dans une logique de continuité, initiée par Sup’Biotech qui, par ses enseignements, m’a intéressée à la recherche et aux biotechnologies.
Maintenant que votre thèse a été soutenue, qu’allez-vous faire ?
Je suis actuellement en recherche de post-doctorat. Je souhaite bien évidemment continuer la recherche dans la pharmacologie thérapeutique. Aussi, le développement de médicament, la recherche de mécanismes de fonctionnement des maladies ou l’amélioration de traitements cliniques sont autant de sujets qui m’intéressent.
Je voudrais étudier d’autres maladies, découvrir de nouvelles possibilités de traitement. Les protéines sur lesquelles j’ai pu travailler dans le cadre de ma thèse s’expriment également dans d’autres maladies, notamment certains cancers ou la sclérose en plaques. Je veux découvrir de nouveaux mécanismes thérapeutiques, d’autant plus que ne travailler que sur la thématique de ma thèse pourrait me bloquer dans mes recherches de travail futures.
A terme, j’aimerais travailler dans l’industrie pharmaceutique, pour poursuivre mes travaux sur le développement traitements. Et même si j’aimerais aussi exercer dans le milieu académique, je sais que les places en laboratoires universitaires pour des recherches thérapeutiques sont très limitées et difficiles à obtenir.