Sup’Biotech, partenaire du colloque « Insectinov – Les Insectes : une filière d’avenir pour les biotechnologies » organisé par Adebiotech les 2 et 3 décembre

Avec des possibilités importantes de développement dans différents domaines comme la santé ou l’agroalimentaire, la production industrielle d’insectes associée aux biotechnologies représente un enjeu fort mais encore trop méconnu du grand public et des professionnels. Pour combler ce manque d’informations et ouvrir de nouvelles prospectives, le think tank Adebiotech organise le colloque « Insectinov – Les Insectes : une filière d’avenir pour les biotechnologies » au Parc Technologique Biocitech de Romainville les 2 et 3 décembre. Les nombreux experts et entrepreneurs réunis aborderont toutes les facettes d’un secteur qui n’a pas fini de faire le « buzz ». Danielle Lando, vice-présidente d’Adebiotech, revient sur l’intérêt de cet événement.

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Quelle est la situation de la filière industrielle des insectes ?
Le problème qui se pose actuellement, c’est le coût de la production industrielle d’insectes qui se doit d’être rentable. Pour être compétitive, la culture des insectes doit non seulement avoir un coût peu important mais aussi penser au développement durable en réduisant sa consommation en eau, en nutriments et en énergie. Outre le coût, les deux autres verrous au développement de cette filière sont liés à la réglementation et à la méconnaissance du sujet. D’où l’intérêt de ce colloque.

Pourquoi organiser ce colloque maintenant ?
Tout simplement parce que les membres d’Adebiotech viennent de différents horizons et s’intéressent à tous les secteurs des biotechnologies. Quand l’un d’entre nous propose un sujet potentiel, nous en discutons en conseil d’administration pour voir si nous pouvons envisager des rencontres afin de discuter de problématiques nouvelles, notre mission étant de développer des colloques dans des domaines où existe un manque de concertation et de collaboration entre les différents acteurs. Les insectes rentrent parfaitement dans ce cadre-là. D’ailleurs, parmi les gens qui ont prévu d’assister au colloque, se trouvent même des financiers venant voir s’il y a un intérêt potentiel à investir dans des petites sociétés qui se lancent dans la production d’insectes pour différentes applications. C’est l’une des valeurs ajoutées de ce genre d’événements.

Avez-vous des exemples de petites sociétés travaillant justement dans ce domaine ?
L’exemple le plus parlant, c’est la jeune entreprise innovante Ynsect d’Antoine Hubert, qui réussit à avoir des contrats même aux États-Unis. Cette start-up française reconnue a des financements, se développe et innove de façon considérable – elle est d’ailleurs régulièrement primée lors de concours. C’est vraiment la locomotive des start-ups en biotechnologies autour des insectes. Ynsect est d’ailleurs partenaire de l’événement.

insectes_colloque_adebiotech_supbiotech_insectinov_biotechnologies_sante_agroalimentaire_experts_cout_decouverte_conference_table-ronde_02.jpgPlus tôt, vous disiez que l’un des verrous du développement de la filière biotechnologique des insectes était la méconnaissance. Est-ce un problème culturel ? Est-ce que d’autres pays sont naturellement plus portés sur les insectes que la France ?
C’est évident. Si les pays qui sont les plus porteurs dans la production d’insectes se trouvent en Asie et en Afrique, c’est tout simplement parce que les insectes y sont jugés comme comestibles depuis très longtemps. Là-bas, la production n’est pas tellement liée aux biotechnologies mais plutôt à l’agro-alimentaire directement : les insectes sont d’abord élevés pour leurs qualités nutritives. Bien entendu, ces pays n’ont pas les mêmes aprioris négatifs et problèmes que nous pouvons avoir en France sur la consommation d’insectes.
Pour autant, lors de notre colloque, nous allons rassembler un certain nombre d’acteurs de l’agro-alimentaire mais pas seulement : nous aurons également des intervenants qui s’intéressent à l’apport des insectes en santé. Il y a des produits avec des propriétés très intéressantes qu’on peut isoler des insectes – citons par exemple le Nobel de médecine 2011 reçu par le Français Jules Hoffmann pour la découverte de l’immunologie des insectes et de leur capacité à produire des molécules aux propriétés antibactériennes – mais aussi des cellules d’insectes cultivables pour produire des protéines humaines recombinantes. Au lieu d’utiliser des bactéries et des champignons, on développe alors une culture de cellules d’insectes dans laquelle on met un virus spécifique de l’insecte ayant un gène humain : le virus se multiplie alors dans la cellule et va produire des protéines thérapeutiques présentant de grands avantages, car plus matures que ce qu’on peut faire dans des bactéries ou dans des levures.
Enfin, ce colloque sera aussi l’occasion d’aborder le cas des polymères et de la chitine en particulier qui sert à faire des tas de molécules ayant un intérêt en chimie. Contrairement aux langoustes et homards qui en produisent une grande quantité, il faut une grande quantité d’insectes pour avoir de la chitine. Actuellement, des procédés se développe pour pouvoir faire cette chitine afin qu’elle soit moins chère ou de meilleure qualité que la chitine naturelle obtenue à partir d’autres organismes.

On parlait des différences culturelles. Est-ce que l’utilisation d’insectes dans le domaine de la santé est plus « tolérée » en Europe ? On pense notamment aux sangsues qui sont utilisées depuis longtemps…
Ce n’est pas encore évident pour le moment. Par exemple, je connais une société qui travaille sur des phages (des virus de bactéries) pour traiter des plaies : elle connaît déj
à d’importantes difficultés concernant la réglementation alors que ces virus sont capables de détruire des bactéries qui infectent les plaies et qui ne sont pas traitables par les antibiotiques… Elle travaille dessus depuis des années et n’est pourtant toujours pas sur le marché ! Cela montre bien qu’il s’agit d’un grand chantier et qu’on est encore loin d’utiliser des insectes et leurs larves pour traiter des pathologies. Je crois qu’il y aura plus de possibilités d’extraire des molécules et de les utiliser ou de s’en servir comme modèles pour ensuite les synthétiser.

insectes_colloque_adebiotech_supbiotech_insectinov_biotechnologies_sante_agroalimentaire_experts_cout_decouverte_conference_table-ronde_03.jpgLa question de la réglementation semble complexe.
Elle l’est. Prenons le cas de l’agroalimentaire où on parle beaucoup de l’utilisation des farines ou des extraits d’insectes pour faire ce qu’on appelle les novel foods. Vous êtes obligés de passer par la case réglementation, qui est floue au niveau de la France mais encore plus au niveau de l’Europe. Afin de donner un ordre d’idées, pour lancer un nouveau produit agroalimentaire pour la santé, il faut au moins trois ans de démarche auprès de l’ANSES, avec des dossiers tellement lourds que beaucoup de sociétés ne vont pas jusqu’au bout. De plus, cette agence n’étant déjà pas très souvent favorable aux produits issus de végétaux, ce n’est pas encore pour tout de suite qu’elle autorisera rapidement les produits créés à partir d’insectes…
Un autre point important, c’est celui des services à l’agriculture. Pour réduire l’usage de pesticides se développe actuellement « la lutte biologique », c’est-à-dire l’utilisation d’insectes produits en grande quantité qu’on va pouvoir étendre sur les champs pour permettre aux agriculteurs de diminuer l’emploi de produits chimiques. Le colloque permettra aussi d’aborder cet aspect très important avec des spécialistes.

Du coup, si une société française souhaite développer et sortir un produit agroalimentaire à base d’insectes, a-t-elle tout intérêt à soumettre un dossier à une agence asiatique ?
Bien sûr. Elle en a la possibilité et c’est d’ailleurs le cas pour de nombreuses sociétés qui cherchent des marchés à l’extérieur de l’Europe.

C’est donc un manque à gagner pour le Vieux Continent ?
Exactement. J’attends donc d’assister à notre table-ronde sur la réglementation, avec notamment la DGCCRF (le Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi), pour voir comment peut évoluer cette situation.

Colloque « Insectinov – Les Insectes : une filière d’avenir pour les biotechnologies »
Les 2 et 3 décembre au Parc Technologique Biocitech, Romainville.
Programme complet et informations liées à l’inscription disponibles sur le site d’Adebiotech.


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A propos d’Adebiotech
Partenaire de Sup’Biotech, l’association Adebiotech regroupe des experts industriels et académiques ainsi que des représentants des pouvoirs publics nationaux et régionaux. Participer au développement d’une politique nationale en matière de Biotechnologies, favoriser le dialogue entre le monde industriel, la recherche académique, les institutionnels et la société civile et contribuer à fédérer tous les acteurs des biotechnologies en France, tels sont les objectifs

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