Un colloque pour lutter contre l’antibiorésistance, les 16 et 17 mars 2016
Partenaire de longue date de Sup’Biotech, le think tank Adebiotech organise « Antibio », un colloque qui, les 16 et 17 mars à Biocitech (Romainville, 93), abordera en profondeur toutes les questions économiques, environnementales, industrielles, sanitaires et scientifiques liées à « l’antibiorésistance ». Danielle Lando, vice-présidente d’Adebiotech, en dit plus sur le choix de cette thématique.
L’antibiorésistance est une problématique qui, comme en témoigne la récente démarche entreprise par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, se trouve plus que jamais au cœur de l’actualité. Est-ce que le choix d’organiser ce colloque faisait justement écho à cette actualité ?
L’idée de lancer une réflexion conduisant à la préparation de ce colloque est arrivée en juin 2015 et faisait suite aux nombreux échanges que nous avions eus avec différentes personnalités – des membres de notre comité scientifique, des chercheurs de l’Institut Pasteur, etc. Or, à l’époque, nous ne savions pas que toute une démarche politique se préparait au même moment sous l’impulsion de Marisol Touraine afin d’essayer de faire le point sur les problèmes posés par la multiplication de l’antibiorésistance. Tout cela s’est fait donc fait en parallèle. La chance que nous avons eue, c’était de pouvoir compter Jean Carlet au sein de notre comité scientifique : ce docteur spécialiste de la question travaillait en effet en même temps sur l’étude demandée par la ministre et nous a indiqué que notre démarche était parfaitement complémentaire à celle du ministère. Cela nous a conforté dans l’idée de poursuivre l’organisation de cet événement.
La décision d’Adebiotech de s’intéresser à ce sujet est d’autant plus logique que l’un des rôles majeurs du think tank est de favoriser le dialogue entre les acteurs industriels et institutionnels des biotechnologies. Or, pour lutter contre l’antibiorésistance, il est nécessaire de rassembler les représentants de nombreux secteurs.
Effectivement. C’est un sujet transdisciplinaire, très transversal. Il réunit des gens du monde de l’environnement, qui s’intéressent aussi bien à la cause animale qu’aux stations d’épuration traitant l’eau des rivières, mais aussi des fabricants d’antibiotiques, des entreprises développant des solutions alternatives, etc. Cela correspond bien à l’esprit d’Adebiotech qui souhaite décloisonner les disciplines scientifiques entre mondes académique et industriel. À ce titre, notre démarche apporte le regard des industriels à l’initiative lancée par le ministère qui, comme la grande majorité des études commandées par l’État, fait appel à des experts mais qui ne consultent pas forcément les acteurs de l’industrie. Ces derniers peuvent pourtant amener de nombreuses pistes de réflexion pertinentes afin de débloquer des situations complexes comme celle de l’antibiorésistance.
Le problème de l’antibiorésistance est-il né de ce manque de dialogue entre les chercheurs qui, pendant longtemps, travaillaient chacun dans leur coin ?
C’est évident. Il faut tout de même rappeler que l’on ne crée quasiment plus d’antibiotiques depuis une vingtaine d’années car nous avons pris conscience des risques de résistance. Les antibiotiques sont désormais réservés pour des pathologies gravissimes et n’ont plus le droit d’être utilisés n’importe comment afin de se prémunir face à ce problème d’inefficacité. Il y a 20 ans donc, les industriels travaillaient avec l’esprit de créer des antibiotiques « blockbusters », soit des antibiotiques capables de tout protéger et d’être efficaces à 100 %. Avec le développement de la résistance, le dogme a dû changer : il fallait dès lors trouver d’autres moyens pour identifier les bactéries pathogènes et ainsi développer des antibiotiques réservés à des usages très particuliers. Lors du colloque, une table-ronde sera justement consacrée aux nouveaux antibiotiques et permettra de savoir pourquoi les industriels n’en font plus.
Envie d’en savoir plus sur l’antibiorésistance ? Lisez la lettre de mission de Marisol Touraine au Professeur Christian Brun-Buisson, le rapport Carlet ou encore le compte-rendu du colloque « Santé – Biodiversité : Notre santé dépend-elle de la biodiversité ? » de 2014 dédié à cette question.
Il sera également question des approches novatrices et transdisciplinaires. Avez-vous des exemples de ces approches ?
Il y a notamment l’utilisation des phages, soit de virus, pour remplacer les antibiotiques. Des expérimentations sont en cours et permettent de traiter de manière biologique des brûlures présentant d’importants risques d’infection pouvant entraîner la mort des patients.
On peut également citer le cas du microbiote, soit l’ensemble des bactéries présentes dans les intestins. Ces bactéries représentent 1 kilo du poids d’un individu de 65/70 kilos et ont un rôle physiologique important : bien qu’étant des parasites, elles permettent l’approvisionnement en nutriments, en vitamines, etc. En prenant des antibiotiques, vous détruisez cette flore et la remplacez par une nouvelle flore ne répondant pas à ces objectifs. Voilà pourquoi des travaux sont actuellement menés pour agir sur le microbiote, soit pour réaliser directement des greffes de microbiote, soit en essayant de moduler cette écologie bactérienne positive.
Il y a aussi le développement de nouveaux vaccins contre des bactéries multi résistantes, comme celles à l’origine des infections nosocomiales responsables de septicémies graves et de décès en milieu hospitalier. Ce ne sont là que trois exemples et d’autres approches seront dévoilées lors du colloque.
La santé animale et l’environnement seront-ils abordés ?
Oui car, pendant très longtemps et avant que l’on ne se rende compte des risques pris, les antibiotiques ont été utilisés en préventif pour que les animaux d’élevage soient protégés contre les infections. Lors de notre colloque, des vétérinaires et des industriels de la santé animale seront là pour discuter et voir comment réduire de façon significative cette surconsommation des antibiotiques tout en maintenant la santé des bêtes. La question des diagnostics sera aussi posée, car si l’on peut détecter rapidement et sur place quels animaux sont infectés, les traitements seront aussi plus efficaces.
Adebiotech présente le colloque « Antibio- Résistance aux antibiotiques : une approche intégrée de l’environnement à l’Homme »
Les 16 et 17 mars 2016, à la Cité des entreprises de santé et de biotechnologies Biocitech
102 avenue Gaston Roussel
93230 Romainville
Plus d’informations sur le site d’Adebiotech.
Programme complet disponible ici.
Inscription obligatoire avant le 11 mars 2016 (dans la limite des places disponibles).
À propos d’Adebiotech :
Partenaire de Sup’Biotech, l’association Adebiotech regroupe des experts industriels et académiques ainsi que des représentants des pouvoirs publics nationaux et régionaux. Participer au développement d’une politique nationale en matière de biotechnologies, favoriser le dialogue entre le monde industriel, la recherche académique, les institutionnels et la société civile et contribuer à fédérer tous les acteurs des biotechnologies en France, tels sont ses objectifs.
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