La bioproduction, nouvel enjeu des biotechnologies

Les bioproductions occupent une place de plus en plus importante dans les domaines de la pharmacie (cinq des dix médicaments les plus vendus en 2011 étaient issus de la bioproduction), mais aussi de la cosmétique ou de l’agro-alimentaire. Au niveau national, des efforts sont faits pour développer la filière. Partant de ces constats, l’école de biotechnologies Sup’Biotech a organisé une conférence interprofessionnelle intitulée : « Bioproduction, quels besoins en 2020 ? », le 23 octobre, à l’Hôpital des Diaconesses (Paris).

Une volonté gouvernementale

Cédric Guillerme, chargé de mission biotechnologies rattaché au ministère du redressement productif, a ouvert les discussions en faisant un point sur la structuration de la filière des bioproductions en France. Après l’énonciation de plusieurs constats (la demande en biomédicaments est passée de 5 % à 15 % entre 2000 et 2012 ; l’amélioration du service médical rendu est meilleure avec les biomédicaments, ces derniers étant plus ciblants), M. Guillerme est revenu sur l’étude du LEEM (Les Entreprises du Médicament) de 2008 qui constatait un retard de la France dans la filière des bioproductions. Ce signal d’alarme a eu pour effet la mise en place de projets. Le pays passera de 36 sites de production en 2011 à 44 en 2013, pour un nombre total d’environ 13 000 emplois (dont 20 % ont été créés dans les six dernières années). Depuis 2000, 2,8 milliards d’euros ont été investis par l’Etat dans des projets de bioproduction. Ces aides doivent permettre à l’industrie d’être en adéquation avec les réalités d’un marché à la demande croissante. Elles servent également à soutenir les quelques 350 PME nationales des biotechnologies. Enfin, elles ont une mission d’information et de communication, afin de faire connaître les nouveaux acteurs du secteur.

carte_bioprod2010.jpgCartographie de l’état des lieux de la bioproduction en France dans les années 2010 (document du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie)

 

Un exemple de chaîne de bioproduction au Genopole

Naceur Tounekti a ensuite présenté quelques structures de l’axe bioproduction du Genopole (le premier bioparc de France, situé à Evry, dans l’Essonne), dont il est le directeur général adjoint et responsable infrastructures et plateformes. Le Généthon Bioproduction est ainsi le centre de production de vecteurs de thérapie génique le plus important au monde. La plateforme de recherche et développement, P2I (Plant Process Innovation), mise en place en partenariat avec la société Medicago, développe l’expression transitoire de protéines recombinantes de plantes. Pour compléter les plateformes de production, Genopole a créé une plateforme de formation pour répondre aux besoins des sociétés de biotechnologies et de pharmacie et apporter une formation professionnalisante complémentaire aux formations préexistantes. Enfin, le centre Genopole Bioprod est spécialisé dans la production par cellules de mammifères. Cet axe doit rassembler l’ensemble de la chaîne de valeur de la bioproduction, fonctionnant comme un mini-cluster dédié au sein de Genopole.

AcCInov, pépinière d’entreprises de bioproduction

Stéphanie Colloud venait présenter la plateforme AcCInov, nouveau site de bioproduction lyonnais, dont elle est la directrice. Suite à l’étude de 2008 du LEEM, et en réponse à l’évolution structurelle de l’industrie pharmaceutique, AcCInov a été créée pour accompagner les porteurs de projets, que ce soit en recherche et développement ou en bioproduction, au sein de l’ensemble Lyon Biopôle. Le site est ouvert aux acteurs académiques, mais aussi aux start-ups et aux PME. Site pilote mutualisé de bioproduction, AcCInov mettra à disposition, à partir de septembre 2013, des laboratoires de pointe, des bureaux et un certain nombre de services à trois porteurs de projets innovants, afin que ces derniers puissent se focaliser pleinement sur leurs travaux.

Le passage de la chimie à la bioproduction : la reconversion de Sanofi-Pasteur

Antoine Quin, directeur bioproduction de Sanofi-Pasteur, a pris ensuite la parole sur la structuration de la filière bioproduction en France. Il est revenu sur les travaux de la société sur la mise en place d’un vaccin contre la dengue, créé à partir de la bioproduction. Ce vaccin est développé sur le site de Neuville-Sur-Saône (Rhône), site qui a la particularité d’être en pleine reconversion de la production chimique de médicaments à la bioproduction.

La bioproduction française dans le monde

La suite de la conférence a consisté en une table-ronde réunissant Roland Béliard, président de LFB Biomanufacturing, Tristan Rousselle, PDG et co-fondateur de PX’Therapeutics, Alain Schwenck, directeur du site de bioproduction Généthon Bioprod, et Laurence Friteau, office manager chez Kelly Scientific. L’objet des discussions portait sur le rôle que la France a à jouer à l’échelle internationale dans les bioproductions. Après avoir reconnu que les bioproductions n’avaient pas nécessairement besoin de structures énormes (une validation clinique à petite échelle étant nécessaire avant d’envisager une production plus importante), les intervenants ont trouvé un frein majeur à ce développement international : la mauvaise opinion vis-à-vis des technologies transgéniques, toujours sujettes à controverse dans l’Hexagone.

Cependant, le pays peut tirer son épingle du jeu sur d’autres paramètres. Tout d’abord, les formations françaises en biotechnologies sont reconnues au niveau international. Il en va de même pour le processus de reconversion des industries chimiques vers le vivant. Cette synergie de compétences est un atout majeur. Par ailleurs, la reconnaissance de la France comme un pays d’innovation intéresse les potentiels clients internationaux. Enfin, les coûts à qualité équivalente, moins élevés que dans d’autres pays bioproducteurs (Etats-Unis, Suisse), ont un potentiel attractif certain pour les clients étrangers.


Vanessa Proux, directrice de Sup’Biotech :

« Je crois beaucoup au potentiel de la bioproduction, technologie qui permet la production de molécules d’intérêt pour l’industrie par des voies biologiques. Les applications touchent tous les secteurs d’activité des biotechnologies. Les besoins en compétences sur la bioproduction vont augmenter ces prochaines années et je tiens à ce que Sup’Biotech soit au rendez-vous pour répondre aux attentes des employeurs. Nous avions déjà confirmé notre intérêt pour la bioproduction en ouvrant au printemps dernier un laboratoire de TP dédié à cette technologie, nous avons continué à soutenir la filière en organisant cette conférence interprofessionnelle et je suis très satisfaite de son déroulé avec la qualité des intervenants, leur implication et les messages optimistes sur l’avenir de la bioproduction qui en sont sortis. »

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