La biotechnologie dans la peau : découvrez les projets d’Aenydris, la start-up portée par Clément Babinot et Pierrick Reux (Sup’Biotech promo 2013)
Distingué lors du concours OSEO en 2013, le projet Tattoo’In, né avec la seconde promotion des Sup’Biotech Innovation Projects (SBIP) ayant participé au Cursus Entrepreneuriat de l’école, continue d’évoluer pour se transformer en start-up. Pensé autour du tatouage et de la biotechnologie, il se dote d’un nouveau nom (Aenydris), d’un site Web flambant neuf et va bientôt connaître une nouvelle phase de tests. Clément Babinot (Sup’Biotech promo 2013), l’un des membres fondateurs de ce projet, fait le point.
Clément Babinot et Pierrick Reux
Tattoo’In a désormais changé de nom pour s’appeler Aenydris. Pourquoi ce choix ?
Nous faisons de la biotechnologie et avons besoin d’investisseurs. Pour séduire ces derniers, il nous fallait donc un nom pas seulement connoté tatouage, d’autant plus que nous souhaitons éventuellement diversifier notre activité par la suite. Cela dit, Tattoo’In restera probablement comme un nom de produit. D’ailleurs, notre site officiel www.aenydris.fr vient d’être lancé. Restez connectés !
Combien de personnes travaillent actuellement à l’essor de cette start-up ?
Pour l’instant, nous sommes deux membres opérationnels à plein temps, Pierrick Reux et moi-même, explique-t-il. Initialement, nous étions une équipe de six personnes de la promotion 2013. Mais comme tout le monde n’a pas forcément envie de créer une société, qui plus est juste après le diplôme, deux des membres ont décidé d’arrêter l’aventure dès que nous avons décidé de participer au concours OSEO. Ensuite, sur les quatre membres restants, un a préféré continuer sa carrière dans le conseil et un autre a choisi de réaliser une thèse axée santé sur la technologie de notre société pour ensuite développer la société sur d’autres secteurs.
Le concept que vous développez est celui d’une encre de tatouage révolutionnaire, n’est-ce pas ?
Oui. À l’heure actuelle, l’encre de tatouage est constituée d’un pigment de couleur qui se trouve en solution. Jusqu’alors, tout le monde s’acharnait à vouloir améliorer les techniques de « dé-tatouage » – principalement le laser qui a d’ailleurs fait énormément de progrès – mais personne n’avait pensé à prendre le problème dans l’autre sens, en partant de l’encre pour la rendre dégradable autrement qu’avec le laser ou la chirurgie. Nous y avons justement pensé. Lorsque nous étions à Sup’Biotech, nous avons réalisé le protocole, le concept, mais n’avions jamais pu tester la technologie en laboratoire. C’est désormais chose faite.
Cela peut bouleverser le marché du tatouage ?
In fine, ça ouvre plein de portes. À la base, nous étions partis sur les tatouages permanents, ceux que nous avons tous l’habitude de voir, mais nous pouvons aussi cibler le marché du tatouage semi permanent (proche de la cosmétique, du maquillage) et celui du tatouage « temporaire » car rien n’empêche de rêver et de penser à un « tatouage permanent mais saisonnier ».
À quelle étape d’avancement êtes-vous ?
Nous sommes en pleine phase de tests in vitro et cela fonctionne comme nous le souhaitons. En gros, nous avons placé l’encre dans un bécher puis y avons ajouté l’élément sensé la dégrader pour constater l’effet produit -cela signifie que l’encre mise au point peut être dégradée via un principe actif. Nous allons encore poursuivre ces tests in vitro avant de passer à la prochaine étape : les tests de toxicité. Ces derniers permettront d’observer la dangerosité potentielle du produit, en fonction des concentrations et des utilisations. Puis viendra la dernière étape : le test panel qui permettra de se rendre compte si le tatouage a un aussi bon rendu que les tatouages actuels et de constater l’efficacité d’effacement avec le principe actif.
Comment allez-vous réaliser ces tests in vivo ?
Au départ, nous avions pensé utiliser des peaux synthétiques ou des peaux de cochons. Cependant, comme la technique du tatouage nécessite une cicatrisation, cela s’est avéré impossible. Nous effectuerons des premiers essais de tatouages sur des volontaires.
Quelles couleurs d’encre avez-vous développées pour le moment ?
Nous avons choisi de commencer par une encre de couleur noire car c’est la couleur la plus répandue pour les tatouages. À terme, on essaiera bien évidemment de décliner toutes les couleurs possibles, sachant qu’il y a plus d’une centaine de pigments différents.
Existe-t-il des tatoueurs déjà intéressés ?
Oui. Par ailleurs, nous avons déjà une tatoueuse professionnelle avec qui nous travaillons pour valider la texture de l’encre. C’est aussi elle qui réalisera les tatouages sur les premiers volontaires. Elle a le matériel et l’expérience. Nous avons également approché un distributeur français d’encre de tatouage qui est très intéressé par le concept et voudrait tester l’encre au plus vite.
Retrouvez aussi Aenydris sur Facebook.
Sup’Biotech et l’entrepreneuriat, un bon mélange
Comme Clément Babinot, Pierrick Reux, Carine La (Anova Plus) ou encore Camille Hetez (Celescreen), de plus en plus de diplômés de Sup’Biotech sont attirés par l’entrepreneuriat. Une envie qui peut se matérialiser grâce au Cursus Entrepreneuriat ou à travers la poursuite des SBIP que suivent les étudiants de la 2e à la 5e année. « J’aime créer, le fait de partir de zéro et de mener un projet jusqu’à la fin, raconte par exemple Clément qui poursuit l’aventure avec Pierrick, passé par la majeure R&D de Sup’Biotech et aujourd’hui directeur général d’Aenydris. C’est une sensation que je ne retrouvais pas vraiment en tant qu’employé dans une société et c’est ce qui me motive énormément. Le premier conseil que je donnerais aux étudiants de Sup’Biotech, c’est de ne pas avoir peur de leurs compétences, de prendre leur temps, de bien cibler leurs besoins – ce qu’on sait faire, ce qu’on ne sait pas faire – et s’entourer des bonnes personnes. C’est ce qu’on a fait : une personne qui a accompagné et créé beaucoup d’entreprises fait partie de notre board stratégique et nous aide sur les aspects financiers ou sur certaines problématiques qu’un entrepreneur peut être amené à rencontrer. »