Sup’Biotech, une école plus durable !
Au mois de mai 2021, Sup’Biotech s’engageait aux côtés de nombreux établissements d’enseignement supérieur en signant l’accord de Grenoble faisant suite à la COP 2 Étudiante. Depuis, l’école poursuit ses actions en faveur d’études plus responsables et continue de multiplier les initiatives comme l’explique Charlotte Helbecque, enseignante en sciences du vivant et référente Développement durable et responsabilité sociétale (DDRS) pour les deux campus, à Villejuif et Lyon. Une volonté de changement qui touche toutes les composantes de Sup’Biotech !
Charlotte Helbecque
Comment s’organise le développement durable à Sup’Biotech ?
Charlotte Helbecque : Notre engagement suit un plan d’action que nous avons défini avec le référentiel DDRS mis au point par France Universités, la Conférence des Grandes Écoles (CGE) et le Réseau Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire (RESES) qui regroupe toutes les associations étudiantes en France menant des projets en lien avec les enjeux écologiques et solidaires. Il s’articule autour de cinq grands axes stratégiques – « stratégie et gouvernance », « enseignement et formation », « recherche et innovation », « environnement » et « politique sociale » – regroupant les trois piliers du développement durable que sont les aspects économiques, environnementaux et sociologiques. Par exemple, la mise en place d’un comité de pilotage et le changement de statut de l’école en société à mission en juillet 2021 concernent la « stratégie et gouvernance ». Prenons un autre exemple, avec la partie « enseignement et formation » : nous avons actuellement 160 heures d’enseignement, de la 1re année à la 5e année, qui sont dédiées à toutes les questions liées au développement durable et à la responsabilité sociétale ! Nous organisons également tous les ans une Fresque du Climat pour nos étudiants, sans parler des conférences proposées tout au long de l’année et de l’accueil de la Fête de la Nature sur le campus de Villejuif depuis six ans, en collaboration avec notre association étudiante Bio’Campus. Du côté de la recherche, certains de nos enseignants-chercheurs ont adhéré à Labos 1point5, un collectif qui vise à essayer de diminuer l’impact environnemental au sein des laboratoires de recherche. Cela a d’ailleurs permis de réaliser un premier bilan d’émission de gaz à effet de serre dans l’un de nos laboratoires, le LRPIA. En parallèle, nous avons aussi organisé le colloque de la recherche cette année sur le thème de la bioéconomie, un sujet en lien avec le développement durable, pour réfléchir à comment inscrire nos projets de recherche dans cette logique.
Cet engagement ne se traduit donc pas toujours pas des actions visibles ?
C’est vrai ! Mais d’autres actions, mêmes minimes, se remarquent aussi au quotidien. Ainsi, sur l’aspect environnemental, Sup’Biotech a mis en place un système de tri sur ses campus. Comme nous avons également la chance d’avoir des espaces verts sur notre campus de Villejuif, notre association étudiante Bio’Campus s’est vu confier une parcelle pour créer un jardin de permaculture accessible à tous. Ces actions sont très concrètes. Dans le même ordre d’idée, pour développer l’offre de restauration à Villejuif, nous avons aussi installé un distributeur automatique proposant des plats végétariens ou végans issus de l’agriculture biologique et en circuit-court. Enfin, pour l’aspect politique et social, nous avons mis en place un système d’accompagnement à la fois pédagogique, financier et psychologique destiné à tous les étudiants, des internationaux aux nouveaux entrants, avec notamment une permanence psychologique ouverte une fois tous les quinze jours pour toutes celles et ceux qui en ressentiraient le besoin. C’était d’autant plus important d’avoir ce suivi durant les périodes de confinement ! Et dans ce volet social, on retrouve aussi tout ce qui est politique de qualité de vie, avec par exemple les services des relations entreprises et des relations internationales qui mettent en œuvre des dispositifs comme le SB Career Day (rencontres professionnelles…) pour aider nos élèves à pouvoir s’insérer rapidement dans la vie professionnelle ou à mieux s’intégrer dans leur université partenaire dans le cadre du semestre à l’étranger ou d’un double diplôme. C’est une approche complète et globale !
Les étudiants de l’association Bio’Campus à l’oeuvre
Le but de ces démarches est de pouvoir intégrer toutes les parties prenantes – enseignants-chercheurs, étudiants, membres de l’administration… D’où l’importance du comité de pilotage, non ?
Exactement. Dans ce comité auquel je participe en tant que référente développement durable, on retrouve la direction générale de l’école, avec Vanessa Proux, la directrice, mais aussi des membres du personnel administratif et technique, la personne responsable du campus, des enseignants, des enseignants-chercheurs et des étudiants. Son rôle est justement de mettre en place de nouvelles actions et de faire le suivi du coût des actions qui sont déjà effectives sur le campus.
Impliquer les étudiants est essentiel, non ? D’autant plus que l’on a tendance à dire que la nouvelle génération est beaucoup plus sensible à toutes ces avancées…
C’est une réalité et de nombreuses actions menées sont d’ailleurs liées directement à nos étudiants, ne serait-ce que la mise en place du distributeur automatique qui a fait suite à une enquête de satisfaction réalisée auprès d’eux et du personnel. Ce qui était ressorti, c’était justement cette envie d’avoir accès à des plats plus végétariens issus de l’agriculture biologique. On discute beaucoup avec eux au quotidien. Au fond, leur sensibilité pour le développement durable ne me surprend pas car ils ont tout de même choisi de suivre une formation en lien avec les sciences du vivant et l’environnement ! On les sent vraiment motivés.
En mai 2021, en signant l’accord de la COP 2 Étudiante, Sup’Biotech en profitait pour s’engager à mettre en œuvre une cinquantaine d’engagements à court, moyen et long terme. Un an plus tard, où en est l’école ?
Plusieurs ont été mis en place, notamment sur tout ce qui a trait à l’amélioration, par exemple, de la communication auprès des parties prenantes. En effet, même si l’on fait beaucoup d’actions, nous nous étions rendu compte qu’au niveau communication auprès des étudiants ou de l’extérieur de l’école, ce n’était pas encore optimal. On essaie encore d’améliorer cet aspect-là. D’autres engagements déjà entérinés concernent la lisibilité auprès de la formation. En effet, Sup’Biotech a des cours qui sont dédiés au développement durable, mais aussi des cours qui ne sont pas spécifiques mais lors desquels on traite de ce sujet. Nous sommes donc en train de mettre en place un libellé DDRS dans le syllabus (le programme de tous les enseignements), afin de spécifier le lien avec l’enseignement et le développement durable, que ce soit sous la forme d’un cours ou de travaux dirigés, voire durant les examens. Il y a aussi tout un volet d’engagements liés à la biodiversité sur campus. Si nous avions déjà réalisé par le passé un premier bilan sur nos indices de biodiversité sur le campus de Villejuif avec l’aide d’un étudiant en stage, nous prévoyons d’en réaliser un nouveau l’an prochain.
Un autre bilan à venir sera celui de nos émissions de gaz à effet de serre. C’est quelque chose qu’on a envie de faire afin de pouvoir ensuite bénéficier de recommandations et comment faire pour diminuer ces émissions. Enfin, parmi les autres engagements déjà actés, il y a tout ceux liés au soutien pédagogique et psychologique des étudiants ainsi que notre dispositif de lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles (VSS) qui rentre pleinement dans cette démarche.
On parle beaucoup du campus de Villejuif. Quid de celui de Lyon, inauguré en 2020 ?
La première chose qu’on ait mis en place là-bas, c’est évidemment le système de tri. Toutefois et contrairement à Villejuif, le campus lyonnais ne possède pas d’extérieur. De ce fait, on essaie plutôt de voir comment y mettre également en place un système d’économie d’eau comme à Villejuif où l’on est en train de rénover tous les sanitaires du campus progressivement. Nous allons aussi probablement y dresser le bilan d’émission de gaz à effet de serre. En revanche, la question des enseignements est la même sur les deux campus. D’ailleurs, notre dernier colloque de la recherche, organisé dans l’amphithéâtre de Villejuif, a été également fait en bimodal afin de permettre aux étudiants de Lyon de suivre en direct l’événement.
Si toutes les conférences organisées par Sup’Biotech intègrent cette thématique de la durabilité, est-ce que l’école va amorcer la création d’un cycle pleinement dédié au sujet ?
Oui, c’est en projet et nous espérons justement pouvoir en organiser sur des thèmes qui ne sont pas forcément abordés par nos enseignements spécifiques, pour développer encore davantage la vision de nos étudiants sur ces différents aspects. Nous réfléchissons aussi à la possibilité de mutualiser certaines conférences avec d’autres écoles du Groupe IONIS. L’an prochain, une grande conférence devrait même réunir quatre écoles sur le développement durable. Quand on peut rassembler nos forces, on n’hésite pas à le faire.
Les projets étudiants font partie de l’ADN de Sup’Biotech, avec notamment les Sup’Biotech Innovation Projects (SBIP) et les projets « fil rouge ». La nouvelle dynamique de l’école impacte-t-elle aussi les concepts portés par les futurs ingénieurs dans ce cadre-là ?
C’est quelque chose que l’on a remarqué, oui ! Peu importe leur Majeure, les étudiants ont de plus en plus à faire émerger des concepts et projets innovants en lien direct avec le développement durable, dans des secteurs très variés, de l’agroalimentaire à la santé. Ils ont pleinement intégré cette dimension à leur réflexion. On aime à penser que leur envie de s’investir de cette façon découle aussi de la formation que nous leur apportons !
C’est aussi un bon moyen de rappeler que le développement durable peut aussi s’accorder avec l’innovation, notamment dans le cas des Biotechnologies.
Cela fait partie des objectifs de Sup’Biotech. Nous sommes là pour montrer aux étudiants, mais aussi aux personnes externes à l’école, que les Biotechnologies prennent maintenant en compte les enjeux environnementaux, notamment dans le développement du coût de nouveaux concepts, de nouveaux produits. Nous avons même un cours dédié à l’écoconception, pour que nos futurs ingénieurs puissent plus tard appliquer ces préceptes dans leur vie professionnelle.
En plus des projets, une autre composante importante de la pédagogie de l’école passe justement par les expériences professionnelles acquises au fil des stages. Comment intervient la politique de l’école en matière de DDRS à ce niveau ?
Dès cette rentrée 2022, il sera demandé à nos étudiants de 4e et 5e années de joindre à leur rapport de stage une petite analyse critique de la démarche DDRS de l’entreprise qui les accueille. Jusqu’à présent, ce travail n’était pas obligatoire, mais il était fortement conseillé. Désormais, nous avons pris la décision de vraiment l’ancrer dans le rituel. Nous incitons aussi nos étudiants à faire leur choix d’entreprise en adéquation avec cette approche et leurs aspirations. À ce titre, le service des relations entreprises est aussi là pour les aiguiller si besoin, tout comme la Fête de la Nature qui, chaque année sous l’impulsion de Bio’Campus, abrite en parallèle un grand forum interprofessionnel qui s’appelle le Connected Lab où sont invités des entreprises et des partenaires qui travaillent directement sur ces aspects.
Les membres des écoles impliquées dans le projet d’université européenne UNIgreen, dont fait partie Sup’Biotech
La Commission des Titres d’Ingénieur est-elle aussi sensible à cette dimension durable ?
Oui, bien plus que les années passées, et cela fait sans doute écho au rapport Jouzel et à celui de The Shift Project/INSA qui cherchaient à savoir comment former les futurs étudiants et les futurs élèves ingénieurs – aux aspects relatifs à la transition écologique. On sent une réelle volonté à tous les niveaux dans le monde de l’enseignement supérieur et c’est une très bonne chose ! Cela se traduit même à l’échelle internationale puisque Sup’Biotech fait partie des huit établissements européens réunis autour d’UNIgreen, un projet d’université européenne validé par la Commission européenne. Axée sur les sciences agronomiques, les Biotechnologies et les sciences de la vie, UNIgreen abrite un autre projet, Ugreen, qui consiste en la création d’un label européen pour les établissements d’enseignement supérieur. Pour fixer ses lignes directrices au niveau environnemental, économique et sociétal, toujours en lien avec le développement durable, nous travaillons donc en ce moment avec nos partenaires en Italie, Espagne, Pologne, Islande, Bulgarie et en Belgique. Un autre objectif sera de pouvoir initier une plateforme afin de pouvoir permettre à l’ensemble des partenaires du projet de partager leurs enseignements en lien avec ces aspects durables, pour améliorer encore la formation de tous les étudiants concernés.
Enfin, quels autres projets vont animer le futur de Sup’Biotech ?
Ils sont nombreux, mais dans un premier temps, notre priorité sera de déposer un dossier de candidature afin d’obtenir le label DDRS spécifique aux établissements d’enseignement supérieur, qui permettra justement de valoriser encore plus le travail que nous avons déjà pu mettre en place ces dernières années – car nous avons commencé notre transformation bien avant la COP 2 Étudiante. Une fois obtenu, ce label nous donnera aussi l’occasion de progresser sur d’autres aspects, en nous apportant de nouvelles idées, une autre vision.