Les biotechnologies : un espoir pour changer le monde 1/2

Pour le lancement officiel de son livre « Biotechnologies, les promesses du vivant » (FYP Éditions) qui donne la parole à une trentaine d’experts sur autant de thématiques différentes, Sup’Biotech a organisé une grande conférence le jeudi 10 décembre 2015 dans les locaux du campus numérique & créatif IONIS Marais – République (Paris 11e). Plus de 150 personnes, dont de nombreux professionnels et scientifiques, étaient ainsi réunies pour (re)découvrir les nombreuses avancées actuelles et futures que permettent les biotechnologies.

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Crédit Photos : Club Ephemere

Après quelques mots de Vanessa Proux, la directrice générale de Sup’Biotech, remerciant notamment l’ensemble des participants au livre et à l’événement, la conférence débute par une courte intervention de Fabrice Bardèche, vice-président exécutif de IONIS Education Group. « Il faut féliciter ceux qui ont fait ce livre. C’est un bel ouvrage technique et de vulgarisation, réalisé avec des scientifiques qui savent faire passer leur science avec facilité. C’est une chose d’autant plus importante que la compréhension de ce que sont les biotechnologies est un écueil qu’on rencontre souvent, le grand public les voyant encore comme quelque chose d’assez mystérieux. Cela fait plusieurs années que Sup’Biotech souhaite changer cela. En découvrant par exemple les Sup’Biotech Innovation Projects (SBIP) des étudiants, le public peut comprendre la diversité des projets pouvant être menés grâce aux biotechnologies, cette discipline encore récente qui se trouve au carrefour de nombreuses sciences. Les biotechnologies, c’est l’intervention directe qu’on peut faire sur les mécanismes du vivant avec les outils inventés à la fin du 20e siècle et ceux qui apparaîtront demain. Encore jeunes, elles voient s’ouvrir un prodigieux champ de possibilités et soulèvent des espoirs tout comme des interrogations éthiques. Toutes les grandes inventions humaines ont vu certaines personnes avoir peur et être réticentes, mais aussi d’autres voulant faire avancer le progrès humain. Ces différents thèmes sont justement abordés dans ce livre. »

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Vanessa Proux, directrice générale de Sup’Biotech

supbiotech_conference_evenement_2030_livre_promesses_du_vivant_fyp_editions_2015_ouvrage_collectif_ecole_panorama_sciences_soiree_invite_ionis_education_group_02.jpgFabrice Bardèche, vice-président exécutif de IONIS Education Group

Les biotechnologies pour mieux nourrir la planète
Animatrice de l’événement, la journaliste Anne Pezet présente ensuite les intervenants de la première table-ronde : Jean-Louis Rastoin, directeur de la Chaire Unesco / Montpellier SupAgro en alimentations du monde (AdM), Marc Delcourt, PDG de Global Bioenergies et Jean-Philippe Deslys, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternative (CEA). L’occasion pour chacun d’entre eux d’aborder les défis que l’homme va devoir relever au plus vite, avec évidemment l’apport de plus en plus important des biotechnologies. « Nous sommes en insécurité alimentaire et nutritionnelle sur cette planète et cela pose déjà d’importants problèmes de santé publique, rappelle ainsi Jean-Louis Rastoin. Avec 4 milliards de personnes en malnutrition – avec la moitié en surnutrition et l’autre en sous-nutrition -, l’échec est collectif et interpelle beaucoup les chercheurs, d’autant que les maladies chroniques d’origines alimentaires (cancer, obésité, diabète, etc.) sont la cause de plus de la moitié de la mortalité mondiale. Il faut donc garantir l’accès pour tous à une alimentation diversifiée et de qualité, un accès physique et économique, mais on doit aussi avoir les connaissances adéquates pour se nourrir correctement. Les biotechnologies représentent une part majeure de cette solution qui consiste à interroger notre modèle de consommation, à remettre en question l’alimentation industrielle et à répondre aux enjeux écologiques (épuisement des ressource naturelles, baisse de la fertilité des sols) et économiques (inégalités sociales, pauvreté des agriculteurs qui, dans le monde, représentent la classe ayant les revenus les moins intéressants dans le monde entier), voire géopolitiques (risques de conflits pour l’accès à l’alimentation et à l’eau). La fabrication des aliments peut changer, les filières et gestions d’entreprises aussi. L’innovation est impérative car les vieux schémas ne fonctionnement plus. Les biotechnologies vont être présentes à tous les échelons du système alimentaire. » Cela passera par les plantes génétiquement modifiées (synthèse de l’azote, résistance au stress hydrique), la lutte biologique (substitutions aux pesticides), la popularisation des bioraffineries capables de créer des coproduits et mieux gérer les déchets, la maîtrise de la fermentation (qui reprendre un tiers du gaspillage alimentaire) par l’industrie, au changement chez le consommateur avec la capacité à fabriquer un menu à la carte grâce au séquençage, etc. « Des solutions existent déjà, comme ces aliments à base de spiruline qui sauvent des enfants en carence alimentaire. »

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De gauche à droite : Jean-Louis Rastoin, Marc Delcourt et Jean-Philippe Deslys

Dire au revoir au pétrole
Parmi les « solutions qui existent déjà », il y a celle que propose Marc Delcourt avec son entreprise Global Bioenergies qui, moins de 10 ans après sa création, est en passe de réussir un vrai tour de force biotechnologique en convertissant les ressources végétales en plastique et carburant, soit les mêmes hydrocarbures que ceux produits à partir de pétrole. « Aujourd’hui, l’homme est un peu en train de gratter les fonds de tiroir des énergies fossiles, comme avec l’exemple de l’exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis, explique l’entrepreneur. Le marché va se retourner bientôt et notre mission n’est pas facile car les organismes ne fabriquent pas naturellement d’hydrocarbures. Il a fallu réinventer le métabolisme des bactéries pour les forcer à en produire. On palie à l’épuisement des ressources fossiles et on pense aussi à l’environnement : les biocarburants produisent 2 à 5 fois moins de CO2 par litre d’essence utilisé. » Le procédé développé par Global Bioenergies fonctionne déjà et, après avoir livré son essence pour la première fois il y a quelques mois et annoncé un partenariat avec Audi, l’entreprise compte encore grandir. « Aujourd’hui, notre capacité de production est de 10 tonnes par an. Bientôt, ce sera 100 tonnes par an via notre activité en Allemagne. En 2018, nous lancerons également une usine d’essence kérosène plastique au nord de Reims avec Cristal Union. Global Bioenergies est une bataille au jour le jour, un miracle au quotidien, mais surtout une aventure collective vers le nouveau monde. ».

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Ce « nouveau monde » dont parle Marc Delcourt est espéré par de nombreux scientifiques. Jean-Philippe Deslys en fait partie. Pour lui, il y a même urgence à agir. « Il faut avoir une vision plus globale car on vit dans un monde assez fou, notamment en ce qui concerne l’environnement : l’activité humaine est en train de créer les conditions d’une catastrophe planétaire. Jusqu’à présent, la nature était capable de tout absorber, mais avec l’augmentation des populations et de la puissance des technologies, elle ne peut plus le faire. Il faut vite changer les choses et les biotechnologies ont un rôle absolument majeur à jouer. Nos systèmes antérieurs ne sont plus viables : le pétrole était formidable mais il faut arrêter de l’utiliser tel que nous le faisons ; on gaspille plus d’un milliard de tonnes de nourriture par an, etc. C’est scandaleux. » Pour que le changement soit réellement effectif grâce aux biotechnologies, le directeur de recherche au CEA en appelle aussi à penser complètement différemment ces dernières. « Aujourd’hui, elles sont high tech. Demain, elles devront avoir un coût qui rendra le système durable. Les biotechnologies ne doivent pas être uniquement basées sur des subventions : elles doivent être viables. Il y a effort collectif à faire pour apporter des solutions biotechnologiques ayant économiquement un sens. »

Retrouvez la suite de l’événement dans l’article consacré à la deuxième table-ronde

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