Les nouveaux défis de l’alimentation « santé »

Le 7 février, Sup’Biotech a organisé en partenariat avec Biofutur une rencontre interprofessionnelle sur le sujet « Alimentation et Santé : l’étau se resserre ! ». Des professionnels issus de sociétés des secteurs de l’agro-alimentaire et de la santé, des membres de pôles de compétitivité liés à ces secteurs et des chercheurs en biologie participaient au débat.
 
 « L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) va donner dans les prochaines semaines la liste de tous les aliments « santé » autorisés, explique Anne Pezet, consultante spécialisée dans le domaine de la santé. Sur l’ensemble des dossiers soumis ces dernières années, seulement 5 à 10 % ont été acceptés. Il fallait donc faire le point : où en est-on au niveau scientifique ? Quels sont les effets réels des aliments santé ? Comment s’organisent les industriels qui n’ont pas nécessairement les compétences pour se soumettre à ces restrictions ? Quels réseaux forment-ils pour former des dossiers avec de vrais fondements scientifiques ? »
 
Des recherches de plus en plus poussées

Les recherches sur les effets de l’alimentation sur la santé sont en plein essor. A l’instar de celles effectuées par Pierre Renault, directeur de recherche à l’institut MICALIS de l’INRA sur le microbiote (l’ensemble des micro-organismes) intestinal : « Nos recherches portent sur les effets que certains aliments vont avoir sur le microbiote ou que ce dernier va avoir sur ces aliments avant leur ingestion et leur assimilation par le corps humain ». Ou encore comme les recherches effectuées par Pascale Chavatte-Palmer, directrice de recherche à l’institut national de recherche agronomique (INRA), qui étudie l’impact de l’alimentation des parents sur la santé de leur futur enfant.
 
 « L’apport des biotechnologies dans ces domaines peut se révéler essentiel : au niveau notamment des techniques utilisées, poursuit Anne Pezet. A l’aide des biotechnologies, on peut produire des additifs capables de compléter des carences ou de favoriser le développement de micro-organismes déficitaires dans le microbiote et réaliser de études épidémiologiques sur les effets d’une alimentation de tous les jours et les effets à 20 ou 30 ans sur des milliers de personnes. On retrouve des outils utilisés également sur des médicaments. »

2Public_2.jpgUne réglementation exigeante

Ces recherches sont d’autant plus importantes dans un contexte de durcissement de la réglementation, les industriels de l’agroalimentaire se trouvent obligés de prouver avec des résultats d’essais cliniques les allégations santé de leurs produits. Pour Stanislas Veillet, président fondateur de Biophytis, start-up spécialisée dans les produits innovants de santé dans le domaine « nutrition -santé », « les restrictions sur les allégations de santé des médicaments introduites par la réglementation européenne, connues à partir de 2009 quand l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a commencé à donner des avis sur les produits, ont introduit l’obligation pour les industriels de faire pour la plupart des produits des études cliniques qui correspondent pratiquement à des études de phase II pour un candidat médicament. »
 
La conséquence directe en est la croissance des coûts de R&D : « on considère aujourd’hui qu’il faut entre 5 et 10 millions d’euros pour développer un produit nutraceutique innovant avec une chance d’obtenir une allégation de santé en Europe et pouvoir le commercialiser ensuite dans le monde », affirme Stanislas Veillet. L’investissement est tellement important que seules des sociétés extrêmement bien capitalisées et/ou des sociétés commerciales qui ont des surfaces de vente suffisamment importantes vont pouvoir commercialiser ce type de produit innovant et rentabiliser ce type d’investissement initial. »
 
Un consommateur à convaincre

Pour les industriels, l’autre versant de la problématique se trouve du côté des consommateurs. « Les consommateurs sont-ils prêts à payer plus pour avoir un bénéfice santé, s’interroge Anne Pezet. Quel bénéfice santé semblent-ils attendre, au-delà du simple message « mangez équilibré, mangez des fruits et des légumes ? Qu’attendent de l’alimentation les consommateurs. Quel message apporter à des populations générales ? Ou au contraire à des populations très ciblées ? Si la cible est atteinte d’une pathologie, quel aliment peut-on donner au patient comme accompagnement du médicament pour le sortir de cette maladie ? »
 
Les réponses diffèrent selon les cas. Pour Jean-Claude Maret, consultant conférencier de la société THA conseil, « pour séduire le consommateur français, il faudra non seulement le persuader de l’apport « santé » de l’aliment mais ne pas non plus le flouer au niveau de ses habitudes : des aliments tels que le foie gras de canard ou la saucisse de Francfort font partie de son univers culturel. » Pour Flore Dépeint, chargée de recherches à l’institut La Salle Beauvais, « l’éducation du consommateur est importante. L’alimentation santé ne sera jamais un médicament. Il faut que leurs attentes – essayer de vivre plus longtemps, d’avoir une meilleure vie en faisant le minimum d’efforts à côté – soient cohérentes avec ce que l’alimentation santé peut leur apporter. »

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