Santés humaine et animale : une union plus que jamais nécessaire

Devant un parterre d’étudiants de Sup’Biotech et de professionnels, la conférence organisée le 11 février à l’Institut Mutualiste Montsouris offrait un regard pertinent sur les liens qui unissent santé humaine et santé animale.



Une santé pour les soigner tous
60 % des maladies de l’homme sont transmises par l’animal par voie alimentaire, vectorielle ou par simple contact. Un chiffre éloquent qui a poussé Vanessa Proux, directrice de Sup’Biotech, a organisé cette conférence « Santé humaine et animale : même combat ! ». « Le sujet porte sur les axes de convergence entre deux mondes qui travaillent déjà ensemble mais ont la possibilité d’établir encore plus de passerelles, annonce-t-elle. Il y a donc de nombreuses cartes à jouer très intéressantes pour les étudiants qui, s’ils ont des intérêts dans cette thématique-là, peuvent y trouver leur projet professionnel. » Dès le début des débats, la question de la convergence des médecines vétérinaire et humaine se pose effectivement. Entre deux interventions de la modératrice (et journaliste) Anne Pezet, Fabienne Cournarie et Pierre Sai, respectivement directrice des relations extérieures du Syndicat de l’industrie du médicament & réactif vétérinaire (SIMV) et directeur d’Oniris, l’école nationale vétérinaire, de l’agroalimentaire et de l’alimentation basée à Nantes, reviennent alors sur le concept « One Health » et sa nécessité. Face au phénomène grandissant de biorésistance (quand les antibiotiques ne font plus effet sur les bactéries), ces experts sont catégoriques : seule une approche préventive, cohérente et globale peut améliorer considérablement le système de santé actuel. Docteur vétérinaire de formation et « intarissable » sur le sujet, Pierre Sai en profite pour présenter le programme innovant MAN-IMAL basé sur ce concept et piloté par son école : « Le but est de décloisonner les santés animale et humaine en transformant les étudiants pour qu’ils aient une vision moins sectorisée des problématiques mondiales entre biologistes, enseignants, chercheurs, ingénieurs et médecins. Par exemple, si un polluant venu de Chine tue deux personnes dans la Creuse, une meilleure communication entre les différents secteurs permettra de mieux comprendre ce mécanisme. »

sante_animale_humaine_01.jpgLa biorésistance : 23 000 décès par an aux Etats-Unis
Jean-Winoc Decousser, docteur en laboratoire de bactériologie-hygiène, Florence Séjourné, PDG de la société privée de biotechnologies Da Volterra, et Marie-Anne Barthelemy, directrice des affaires techniques et réglementaires au SIMV, soulèvent eux-aussi le problème de la biorésistance en n’oubliant pas de revenir sur ses causes et conséquences. « Il n’y a pas de nouvelle classe d’antibiotiques depuis 40 ans, alerte ainsi Jean-Winoc Decousser. Quinze compagnies sur les dix-huit plus grandes du marché ont arrêté cette recherche car ce n’est pas assez rentable. Ils gardent des antibiotiques de réserve au cas où mais on peut penser que cette démarche est suicidaire. » Florence Séjourné va plus loin en se posant la question de l’utilité des antibiotiques à l’heure actuelle après que le rapport Global Risks 2013 ait révélé que « 23 000 morts humaines aux USA sont liées chaque année à la biorésistance ». Un chiffre qui fait froid dans le dos mais qui n’est rien en comparaison du « taux de décès de 70 % en Chine » lié aux mêmes causes. Si elle se réjouit de l’initiative « One Health » et de la loi Generating Antibiotics Incentives Now (GAIN) Act votée aux Etats-Unis qui « permet à la R&D de coûter moins cher et de rapporter plus sur le long terme », elle n’en oublie pas l’ironie réglementaire actuelle : « Quand on a un antibiotique qui marche, on ne peut pas le vendre car il développera une résistance… Et quand tu en trouves un qui marche sur l’homme, il ne faut pas le lancer en vétérinaire pour ne pas lui permettre de résister ! » Des freins à l’innovation que n’occulte pas non plus Marie-Anne Barthelemy même si elle aspire à voir un avenir moins sombre grâce au développement de pistes alternatives comme « les antibactériens, les bactériophages ou les probiotiques ».

sante_animale_humaine_05.jpgA la recherche du nouveau Pasteur ?
Une table-ronde se tient ensuite en conclusion de cette conférence. En tant que grand témoin, Gilbert Lenoir, professeur et vice-président de Cancer Campus, prend alors la parole pour porter un regard optimiste sur l’avenir. « La culture de l’innovation et la culture d’entreprendre doivent devenir incontournables dans ces deux médecines. De plus, le futur des nouveaux médicaments ne passera pas forcément par les grandes entreprises », soutient-il en prenant pour exemples le cas de Louis Pasteur, « un chimiste entouré de médecins et de vétérinaires qui a abordé tous les problèmes des grande pathologies », la création du vaccin BCG, « vétérinaire au départ », ou encore la réussite de Gaston Roussel qui, avant de devenir un industriel réputé dans le secteur de la santé, était « vétérinaire des omnibus de Paris qui a compris l’utilité des chevaux pour produire des sérums ». Selon lui, les étudiants d’aujourd’hui auront un rôle important dans cette évolution des pratiques : « Il va y avoir des tas de nouveaux métiers dans le domaine de la santé grâce aux rapprochements des structures, à la formation à l’entrepreneuriat et à l’usage des biotechnologies. »

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