Comment Sup’Biotech agit contre les violences et discriminations sexistes, sexuelles et homophobes

Comment Sup’Biotech agit contre les violences et discriminations sexistes, sexuelles et homophobes

Pendant trop longtemps, les victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) peinaient à se faire entendre, quand elles n’osaient tout simplement pas prendre la parole. Heureusement, cette situation tend à changer désormais avec l’évolution de la société et l’engagement de structures aussi bien décidées à soutenir et accompagner les victimes qu’à dénoncer ces pratiques. À Sup’Biotech, la lutte contre les VSS est prise très au sérieux.


En écho à la campagne « Stop aux violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur » lancée en 2018 par le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Sup’Biotech travaille chaque jour à créer un environnement toujours plus sûr pour ses élèves. Une ambition qui passe par de multiples outils et actions favorisant la sensibilisation, le signalement et l’écoute comme l’explique Cécile Vermot, enseignante-chercheuse en sociologie au Pôle Biotechnologies en Société (PBS) de l’école et référente égalités.


Comment Sup’Biotech agit contre les violences et discriminations sexistes, sexuelles et homophobes

Cécile Vermot


Où commencent les VSS ?

Cécile Vermot : Pour pouvoir repérer les VSS et mieux sensibiliser la population au sens large, il faut d’abord savoir de quoi on parle, d’autant plus que ces violences ont trop souvent été invisibilisées par le passé, qu’elles peuvent intervenir à tout âge, et qu’elles touchent toutes les populations même si la population féminine reste aujourd’hui la plus concernée.


Justement, quand on entend le mot « violence », on a tendance à penser à la violence physique, aux coups… Or, les VSS ne sont pas toujours des actes…

Effectivement, ce sont des paroles ET des actes ! Il faut voir les VSS comme un « continuum de violences », comme l’expliquait déjà la sociologue Liz Kelly en 1987. Ce continuum englobe à la fois les propos sexistes, l’humour, le langage, l’invisibilisation, les publicités sexistes, mais aussi les intimidations, les menaces, les agressions physiques, les viols et les féminicides.


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La société commence de plus en plus à prendre conscience de l’importance de la lutte contre les VSS, mais ce combat s’inscrit sur le long terme, avec un accent important mis sur la sensibilisation. Quels leviers l’école utilise-t-elle à ce niveau ?

La première chose à faire pour lutter contre les VSS dans un environnement donné, qu’il s’agisse d’une école ou non, c’est d’apporter une culture commune : il faut que l’ensemble de la population soit sensibilisé à ce que sont les VSS. Dans le cas de Sup’Biotech, cela consiste à sensibiliser aussi bien les étudiants que les membres du personnel. C’est une approche qui ne peut se faire que de façon collective : même si je suis référente égalités, je ne suis pas la seule à travailler sur la question. J’anime et coordonne les actions, bien sûr, mais c’est l’ensemble de l’école qui agit au quotidien. Dès lors, nous pouvons compter sur la mobilisation d’étudiants et de membres du personnel pour mener différentes actions de sensibilisation. Ainsi, chaque année et pour chaque promotion, j’anime des ateliers de deux heures autour de différentes thématiques liées aux VSS et qui s’inscrivent dans le cursus des élèves. Mais d’autres enseignants à Sup’biotech interviennent également. Par exemple, avec Elise Delage, qui est enseignante en biologie et référente de la Mineure Santé, nous allons coanimer un atelier questionnant la naturalisation du sexisme. Par ailleurs, grâce au service communication, des campagnes d’affichages sont également mises en place. En plus de faire connaitre le dispositif, celles-ci permettent aux élèves de se poser des questions sur ce qu’ils ont vécu ou sur certains de leurs comportements.

L’autre levier important repose sur les élèves. Ce dispositif de lutte contre les VSS leur appartient. Nous faisons en sorte qu’ils ou elles puissent proposer des actions et participer à la prévention. C’est dans cette optique que j’ai recruté Nadia Bennoui (Sup’Biotech promo 2022) comme « assistante référente égalités ». Nadia est en 5e année à Sup’Biotech. En tant qu’élève, elle peut faire remonter plus facilement les besoins et les envies de ses camarades. D’autres élèves participent également au dispositif. L’association Symbioz a ainsi mis en place un dispositif de lutte contre les VSS pour les soirées et les afterwork de l’école. Ses membres sont très motivés et compétents. Un dernier exemple que je peux vous donner est un évènement à venir. En effet, les admissions parallèles de 3e année doivent travaillent sur la thématique des VSS pour un exercice en communication. Leurs projets vont être présentés en juin sur le campus. Et je peux déjà vous dire que ces élèves ont plein d’idées brillantes !


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L’association étudiante Symbioz participe activement à la lutte contre les VSS au sein de l’école


Au-delà de la sensibilisation, une autre notion essentielle de cette lutte repose sur la prise en compte de la parole et le signalement des VSS en elles-mêmes. C’est pour cela que Sup’Biotech a créé une plateforme spéciale, non ?

Oui, notre plateforme, supbiotech.signalement.net permet aux personnes, élèves comme membres du personnel, de nous alerter quand elles sont victimes ou témoins de VSS sur notre campus ou en dehors, comme durant le stage en entreprise ou lors du semestre à l’international. Ces personnes peuvent, si elles le souhaitent, également témoigner anonymement. Cette option est importante tant il peut être parfois compliqué de parler de ces sujets. L’anonymat peut ainsi servir de première étape à la prise de parole. La plateforme possède également un espace chat qui permet à la personne de discuter de ce qu’elle a vécu ou observé. D’ailleurs, au sein de l’école, des personnes sont actuellement formées à l’écoute, spécifiquement sur la prise en charge de personnes ayant vécu des VSS et des discriminations. Ainsi, si des élèves souhaitent discuter de ce sujet, nous pourrons les orienter vers elles. Nous sommes aussi en discussion avec une association extérieure à l’école afin que cette dernière puisse être facilement joignable par celles et ceux plus à l’aise à l’idée de se confier à des personnes en dehors du campus. Enfin, si un cas de VSS est signalé, une commission est aussitôt mise en place pour ouvrir une enquête, mais aussi prendre des mesures conservatoires et, s’il le faut, des sanctions. Et pour mener toutes ces actions, nous pouvons compter sur le soutien du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, l’école ayant été sélectionnée suite à l’appel à projets « Soutien aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans la lutte contre les VSS ». Nous sommes très fières car, en plus d’être soutenu financièrement, notre dispositif va être cartographié par le Ministère.


Un accompagnement psychologique est-il aussi prévu en cas de VSS ?

Nous avons déjà un psychologue qui fait des permanences sur le campus et vers lequel les élèves et membres de l’équipe peuvent se tourner. Nous sommes aussi en relation avec des associations spécialisées, pour permettre la prise en charge d’une autre forme d’accompagnement.


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Est-ce que vous abordez également le cas du harcèlement en ligne qui touche tout le monde et notamment les jeunes via les réseaux sociaux ?

Nous en parlons, effectivement, en rappelant ce qu’est le cyber harcèlement et en quoi cela tombe sous le coup de la loi. Ce n’est pas parce que cela se passe en ligne que cela allège la gravité des faits ! Cela fait aussi partie des thématiques que nous souhaitons aborder lorsque nous mettrons en place des groupes de parole au sein de l’école en complément des deux heures annuelles d’ateliers. Ces échanges pourront donner lieu à des discussions très intéressantes. Récemment, un étudiant s’est ainsi posé la question de savoir ce qu’il pouvait faire pour, lorsqu’il rentrait tard le soir et qu’une femme marchait seule devant lui dans la rue, ne pas l’inquiéter sans le vouloir. C’est une question à la fois surprenante et très juste, qui souligne une prise de conscience autant qu’une vraie empathie.


Depuis que toutes ces actions sont menées à Sup’Biotech, constatez-vous une évolution des mentalités ?

J’ai commencé à animer ces ateliers en 2019 au sein de l’école et, depuis, je sens un réel changement de perception sur ce que sont les VSS, oui. Peut-être que c’est un effet générationnel, mais j’ai l’impression d’avoir en face de moi des personnes qui ne veulent plus que ces violences perdurent, qui ont envie de dire « ça suffit » et espèrent un autre type de société, d’autres types de rapports humains. Je remarque aussi que le sujet ne laisse aucun élève indifférent : lors des ateliers, ils sont nombreux à avoir envie de s’exprimer. Pour eux, ce n’est plus un sujet tabou et c’est tant mieux ! Ils ont conscience que les VSS peuvent faire partie de leur vie et ils veulent s’emparer du sujet, quitte à ne pas être d’accord entre eux lors des ateliers. Mais ne pas être d’accord, c’est positif : cela permet à chacun d’exposer son point de vue, d’échanger, d’apprendre de l’autre. Les choses changent dans le bon sens et c’est aussi lié à une plus grande médiatisation des questions d’inclusion. Il y a encore trois ans, peu d’élèves connaissaient le terme sororité ni les raisons poussant à l’utilisation de l’écriture inclusive. Aujourd’hui, ils s’y intéressent.



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