Le cas des tumorothèques en France
Les biobanques sont des entités dédiées à la collecte, à la préparation et à la conservation d’échantillons biologiques (sang, cellules, fragments de tumeurs, etc.) destinés à être utilisés pour la recherche biomédicale. Le développement actuel de la médecine rend la disponibilité des échantillons biologiques standardisés et de haute qualité indispensable pour les chercheur.e.s. Ce livre met en évidence l’importance stratégique acquise par les biobanques au cours des vingt dernières années. Pour cela, les biobanques sont étudiées en croisant trois perspectives : celle de l’histoire des sciences ; celle de l’épistémologie et celle enfin de la philosophie des techniques. Le croisement de ces trois perspectives, permet ainsi d’examiner les enjeux éthiques du biobanking ainsi que les relations qui se nouent entre le vivant et la technique dans la biomédecine contemporaine.
Le chapitre rédigé par Fabien Milanovic porte sur deux cas situés au sein d’une même configuration institutionnelle (biobanques publiques hospitalières de tumeurs cancéreuses) mais présentant des pratiques de production de biovaleur et de mobilisation dans des cours d’action différenciées. Il montre, dans une première partie, qu’au sein des tumorothèques hospitalières se donnent à voir une pluralité de pratiques de mise en banque du vivant, de manières de constituer et d’engager dans des cours d’action et au sein de circuits différenciés des entités tumorales ; soit, une pluralité de manières de produire de la biovaleur : selon les cas il est question d’une tumeur dotée d’une forte valeur morale et dans d’autres cas d’un bien échangeable et disponible en tenant compte de sa valeur « marchande ». La seconde partie est consacrée à mieux comprendre la pluralité des régimes d’agentivité des ressources biologiques des tumorothèques, pluralité qui participe de l’hétérogénéité des pratiques bioéconomiques de production de biovaleur dans les biobanques, et de leurs enjeux biopolitiques.